Fils et fille, vraiment égaux ?

FAMILLE

Fils et fille, vraiment égaux ?

Dans l’enfance, on dit : « J’ai un garçon et une fille. »
Et quand ils deviennent adultes, on dit : « J’ai un fils et une fille. »

Mais déjà, quelque chose cloche.
Le fils, lui, peut avoir trente ans, quarante, peu importe :
le mot porte la trace d’un adulte.
D’un homme. Il a grandi. Il a un avenir. Il a une identité claire. Il était garçon,
il devient fils, et dans ce passage, il y a quelque chose de solide, de reconnu.

Mais la fille ?

Même à quarante ans, on continue à dire ma fille comme on parlerait d’une gamine.
Elle reste coincée dans l’enfance du mot.
On ne sent pas la femme dans « ma fille ».
On n’entend pas la puissance qu’elle a peut-être acquise, ni l’autonomie qu’elle a gagnée.
Elle ne devient rien. Il n’y a pas de passage. Pas de reconnaissance.

Elle était fille, elle reste fille.

Pas d’équivalent à ce fils devenu homme.
Pas de mot pour honorer la femme qu’elle est devenue aux yeux des siens.
Dans le regard de la langue, tout du moins, la fille court le risque de rester une enfant.